Christ est ressuscité !
Tel est le salut que s’adressent les chrétiens au matin de Pâques. Telle est la joyeuse et hésitante confidence que les premiers témoins firent à leurs frères désorientés, ou encore abattus, par le drame récent de la bouleversante crucifixion. La voici la Bonne Nouvelle chrétienne : « Christ est ressuscité ». Sur Lui, la mort n’a pu refermer son étreinte. Le Père l’a ressuscité. Le voici, Premier-né d’une multitude de frères. Cet événement est le grand événement de l’histoire humaine. La vie des hommes déborde l’horizon du temps terrestre. Ce que le Père a fait pour le Fils bien-aimé, Il le refait pour ses frères en humanité. C’est le fruit de sa seule bonté.
Et voici que nous comprenons que nous sommes faits pour Dieu, que c’est en Lui que s’accomplit la destinée humaine. En Lui, c’est-à-dire dans ce lien d’amour qui de toute éternité unit le Père, le Fils et l’Esprit Saint et qui déjà nous est accessible ici-bas de manière toute particulière par la médiation du Christ et le don de son Esprit. Avec la simplicité que nous lui connaissons, le curé d’Ars pouvait dire à ses paroissiens avec beaucoup d’émotion : « Nous Le verrons ! Nous Le verrons ! Oh, mes frères ! Y avez-vous jamais pensé ? Nous verrons Dieu ! Nous Le verrons tout de bon ! Nous Le verrons tel qu’Il est…face à face ! ? Nous Le verrons, nous Le verrons !!!! ». On devine derrière ces paroles ce lien d’amour déjà bien avancé ici-bas, dans la foi, l’espérance et la charité vécues, dans l’amour de préférence pour Lui. La résurrection ne se mérite pas. Elle est un don d’amour voulu par Dieu, un achèvement en Lui, tel qu’Il l’a désiré, tel qu’Il le propose à chaque être humain dans ce dialogue secret noué dans le respect de la liberté de chacun qui rend possible le don réciproque dans l’amour.
La grande fête de Pâques nous remplit d’espérance. Elle nous conduit à nous en remettre au Père comme le fit le Fils bien-aimé : « Entre tes mains je remets mon esprit ». Elle nous conduit à entrer déjà dans cette vie nouvelle faite pour Dieu et pour nos frères. Elle nous pousse plus loin dans l’abandon et la charité. Elle nous invite à regarder tout homme comme un frère pour lequel Jésus a donné sa vie.
Comment continuer aujourd’hui à murmurer à nos frères humains : « Christ est ressuscité ! » ? Sûrement « en tendant vers les réalités d’en-haut et non pas vers celle de la terre », comme le dit Paul ; en vivant en frères remplis de cette bonté pour les plus fragiles dont le Christ a été animé pour témoigner de cet amour particulier du Père pour chacun ; en vivant, dans la lumière de cette espérance, la mort de ceux que nous aimons et en attendant ce jour béni où nos yeux s’ouvriront en Lui. Ce jour sera Le grand jour, celui où l’aveugle de la pastorale a demandé d’y voir enfin, parce que ce jour-là, ça vaut la peine d’y voir !
Nous attendons ta venue dans la gloire !
Joyeuses Pâques ! Christ est ressuscité. Alléluia !
+ Georges Pontier
Archevêque de Marseille